L’ivresse dionysiaque comme outil de transgression chez les personnages féminins de Marguerite Duras : étude mythocritique

Cette étude a pour but de déterminer la manière dont Dionysos se profile dans Les petits chevaux de Tarquinia, Moderato Cantabile et Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras. En partant du constat que des schémas de perversions et d’inversions dionysiaques surgit la constante principale définissant la gesta du dieu, soit la désindividualisation, cette thèse, par le biais de la mythocritique, suggère que l’orgie dionysiaque est la matrice fondamentale et signifiante des romans analysés, et sous-tend la consommation immodérée d’alcool chez les protagonistes féminines, la voyance de ces dernières, leur mouvement vers la dissolution des frontières et le brouillage, et leur anéantissement symbolique qui donne souvent lieu à une reconstruction de leur espace social et psychologique. Cette lecture de l’œuvre durassienne démontre que l’orgie permet aux héroïnes durassiennes, à l’image des bacchantes de Dionysos, de rejeter le modèle féminin en vigueur, de contester les normes de comportement imposées aux épouses et aux mères, et de s’affirmer comme sujet et agent de leur vie.